Désiré-Émile Inghelbrecht (1880-1965), figure emblématique de la musique française du XXe siècle, était renommé en tant que chef d’orchestre, compositeur et défenseur passionné du répertoire français. Ce coffret complet présente l’ensemble de l’héritage discographique d’Inghelbrecht pour Pathé, Ducretet-Thomson, Columbia et Erato. Couvrant ses enregistrements 78 tours de 1929 à 1939, ses enregistrements LP de 1953 à 1955 et ses retransmissions en direct de 1955 à 1962, la collection met en lumière ses interprétations de pièces préférées ainsi que les principales œuvres orchestrales de Debussy, dont il était un ami proche. Nombre de ces enregistrements, dont plusieurs créations sur CD, soulignent l’engagement d’Inghelbrecht à préserver et à partager l’essence de la musique française.
Le compositeur, chef d’orchestre et écrivain français Désiré-Émile Inghelbrecht est né à Paris. Fils d’un altiste, il entre au Conservatoire de Paris à l’âge de sept ans pour y étudier le solfège, l’harmonie et le violon. Cependant, à 16 ans, il est renvoyé de l’école après avoir été surpris en train de jouer du violon dans un café local. Peu après, il est nommé second violon de l’Orchestre de l’Opéra et remplace occasionnellement son ami Pierre Monteux. Ces expériences marquent des étapes importantes dans sa carrière.
En 1908, il dirige la création de La Tragédie de Salomé de Florent Schmitt, un succès qui lui ouvre les portes de collaborations avec d’autres musiciens de premier plan. Il dirige notamment les chœurs lors de la première du Martyre de saint Sébastien de Debussy. En 1913, il est nommé directeur musical du Théâtre des Champs-Élysées, qui ouvre ses portes le 2 avril. Il dirige également, en 1919, la première de La Boîte à joujoux de Debussy, arrangée par André Caplet.
Directeur musical de l’Opéra-Comique de 1924 à 1925, Inghelbrecht dirige Manon de Massenet, Tristan et Isolde de Wagner, Pelléas et Mélisande de Debussy, Masques et Bergamasques et Pénélope de Fauré. Il dirige également plusieurs ballets des Ballets russes de Serge de Diaghilev. De 1928 à 1932, il est à la tête du Concerts Pasdeloup.
En 1934, Inghelbrecht est invité à fonder l’Orchestre National de la Radio (qui deviendra plus tard l’Orchestre National de France). L’année suivante, il réalise la première parisienne de la version de 1874 de Boris Godounov de Moussorgski, un projet qu’il nourrissait depuis longtemps.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, l’Orchestre National de Radio France est évacué à Rennes, puis à Marseille, avant de revenir à Paris en 1943. Cependant, lors du 1000ᵉ concert de l’orchestre, prévu pour le 25ᵉ anniversaire de la mort de Debussy, Inghelbrecht refuse de diriger un programme centré sur la musique des troupes d’occupation allemandes. En conséquence, le 18 juillet 1943, il est suspendu de ses fonctions par ordonnance du président Laval.
Après avoir dirigé l’Opéra de Paris de 1945 à 1950, il revient à l’Orchestre National de Radio France en 1947 et produit, de 1958 jusqu’à sa mort en 1965, une émission radiophonique hebdomadaire intitulée Entretiens autour d’un piano.
En tant que chef d’orchestre et auteur, Inghelbrecht met à l’honneur les œuvres de Debussy, Ravel, Roussel, Chabrier et Florent Schmitt. Ami proche et correspondant de Debussy de 1911 jusqu’à la mort de ce dernier en 1918, il fut également membre du groupe Les Apaches, aux côtés de Ravel et Schmitt.